mardi 23 mars 2010

Je n'existe ni ici ni ailleurs, je suis rien

Curieux postulat n’est-ce pas ? Pas tant que ça quand on voit à quel point les nouvelles générations sont englobées dans une culture de masse visant à les annihiler et à leur faire perdre leurs repères. C’est ce que tente d’exprimer dans ses chansons, c’est pourquoi elles me parlent quand il décrit ces états mentaux chez des jeunes proches de la perdition et de l’overdose. Descartes par sa théorie du cogito « Je doute, je pense donc je suis » définissait la pensée réflexive comme condition de l’existence, aujourd’hui cette condition, de mon point de vue, c’est la consommation.

À travers ces pratiques sociales et culturelles, le libéralisme transforme tout en valeur marchande. C’est un processus irréductible qui n’échappe à rien, ni personne, de San Francisco à Moscou, les références sont sensiblement les mêmes, les genres, les représentations sont presque identiques et dominés par le marché culturel anglo-saxon. Ces phénomènes tendent à uniformiser les cultures autour d’une culture dominante. Tout semble devoir être cohérent pour vendre les mêmes produits et le consommateur lui-même semble être conditionné pour acheter les mêmes biens. Le danger est de voir se former une entité culturelle globale homogène.

Pour qu’un individu puisse rencontrer l’autre, encore faut-il qu’il existe, le métissage généralisé par le fait du mondialisme de marché interdit à terme toute échange avec l’autre par destruction des différences. Aujourd’hui il y a la menace de voir les identités détruites par un « mixage » mondialiste uniformisateur et de fausses cultures locales émergées, pour tourisme de masse, et fondées sur la fascination de l’autre fantasmé.

Affirmer sa différence n’est pas un acte de déni envers autrui, c’est aussi une manière d’échanger, de partager de discuter avec l’autre sur ce que l’on est, ce que l’on ressent, ce que l’on perçoit. Je pense la confrontation des différences comme élément positif parce qu’elles sont vecteurs de connaissances et d’apports pour l’autre. Malheureusement sur Internet, tout a tendance à s’uniformiser, de sorte que l’on soit passé à des internautes qui s’apportent les uns aux autres, à des réseaux détruits finalement par leur télescopage, forcé par une force tierce : le marché libéral mondialiste vecteur de narcissisme, de sublimation de l’objet marketing, de la course aux produit, à l’info et à la popularité.

Puisque que nous sommes sur un blog et que cela concerne certains directement, nous pouvons prendre cette entité pour exemple qui est littéralement noyée dans ce bain consumériste. Au lieu d’exprimer des choses nobles et dignes d’intérêts, les blogs deviennent des pandémoniums narcissiques dans lesquels, par exemple, certaines filles autoproclamées « geekette » nous racontent leur « coup de cœur, passions et petites bêtises ». Vous remarquerez qu’elles se ressemblent toutes et sont intéressées par les mêmes choses, preuve de l’uniformisation. Quand vivent-elles cette vie qu’elles pensent si incroyable alors qu’elles sont constamment sur Internet ? Constamment sur Internet à se masturber sur les derniers trucs « hype » et « trendy », à vouloir à tout prix chausser les dernières Adidas Original tout en étant à l’affut d’une proposition de billet sponsorisé pour se faire du fric avec leur blog pourris. Ce sont les fers de lance de cette néo sous culture consumériste passionnés par la pub, leur cul et le souci d’élargir leurs réseaux. Elles n’écriraient pas si personne ne les lisait mais puisqu’au pays des aveugles les borgnes sont rois, ca se bouscule au portillon entre les chiens qui ont envie de pécho et les putaines écervelées qui commentent le vide par du vide. On est dans une espèce de trou sans profondeur, c’est une impression assez étrange, les bras m’en tombent.

On donne des outils aux gens pour s’exprimer et ils ne peuvent pas s’empêcher de s’en servir. Ils n’ont rien à dire alors ils meublent pour se sentir exister. Tromper la misère par la misère et s’enfoncer encore un peu plus dans ce microcosme dégénérescent de « bobeauf. » de la « blobeaufsphère » Ca ne m’étonne pas que cette population de sous hommes se courbe devant les productions de mecs comme SamFaitChier ou Monsieur Dream. On croit qu’ils sont là pour l’humour, mais ils sont là pour que dalle, ils survivent et baignent dans leur motion-chiasse à la con qui divertit les adolescents et les abrutis.

Ce qui est drôle par ailleurs c’est que 30% du contenu de mon blog traite en fait de cette aversion pour ces pratiques, et au final je donne du poids à ce que j’exècre, c’est complètement débile. J’ai d’ailleurs toujours un peu de mal à mentionner que j’ai un blog, ça m’arrache un peu la gueule de savoir que moi aussi je fais de la merde, que je la commente et que je m’en sers comme source d’inspiration pour apporter du contenu. J’apporte ma pierre à l’édifice branlant que la Pédanterie nomme “blogosphère”. J’aimerais tout arrêter mais un blog c’est comme sa vieille mère dont on a la responsabilité. On trouve normal de l’accueillir chez soi au début et au fil du temps on regrette, mais on assume parce qu’il faut bien s’en occuper. Je ne peux pas l’abandonner dans une maison de retraite ou le laisser sur le parvis d’une Eglise et m’enfuir face cachée comme un voleur de poule. Je ne peux pas car j’ai passé du temps à le construire, à mettre au monde ce petit bâtard. Ma sensibilité me perdra mais ce sont des blogs comme celui du DrMorisset ou Abstrait/Concret qui me font croire qu’il y a encore une lueur tout de même au fond de ce sac. LOVE.

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